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Grèves : les dommages collatéraux

19/04/2018

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Outre les difficultés quotidiennes des usagers des trains ou avions comme conséquence directe, les grèves qui prennent place en France depuis début avril impactent également bien d’autres personnes indirectement.

Plus que de simples personnes, ce sont des professionnels. D’où la grogne qui monte dans certains secteurs car leur activité et chiffre d’affaires subissent un contrecoup évident. Rien de nouveau il est vrai, cependant les effets restent toujours néfastes. Car si la SNCF déplore, via son PDG Guillaume Pépy, une perte de 100M d’€ au cours des deux premières phases de la grève ou Air France une perte de 24M d’€ par jour, une flopée d’autres entreprises et secteurs d’activités ressentent durement les grèves actuelles. Quelques exemples.

Les agriculteurs

Et oui, les trains ne transportent pas que des personnes mais aussi des marchandises !  On oublie trop souvent le fret, ceux qui en dépendent au quotidien non. Depuis les débuts de la grève, 70% des trains de fret ne circulent pas, d’où d’importantes difficultés pour les agriculteurs à envoyer leurs produits vers les clients. Comme pour les céréaliers de la Beauce vers la Normandie, par exemple.

Sachant qu’un train de fret équivaut à 40 camions, imaginez les problèmes de logistique que cela implique. Sans parler de l’organisation en amont, le patron d’une PME expliquant que les voyages se prévoient généralement entre 6 et 12 mois avant le jour J. Surtout qu’il faut trouver les moyens matériels et humains, des camions et conducteurs qualifiés et compétents. Cela peut prendre jusqu’à deux mois comme le confiait un professionnel de la Beauce au micro de France 3, le 12 avril dernier. Et quand l’agriculteur a trouvé tout ce dont il a besoin, il y a évidemment un prix à payer. Ainsi, sur une tonne de blé qui vaut 140€, le transport en camion va amener un surcoût de 10€ par tonne.

Les hôteliers

Ceux exerçant dans la capitale sont, logiquement, les moins touchés. Même si ¼ d’entre eux connaissent une baisse de leur activité, celle-ci ne chute « que » de 5%. En effet, les distances réduites et moyens alternatifs font que les clients arrivent malgré tout à destination.

Pour les régions comme la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine, le coup est plus rude : l’activité a baissé de 25%. Suivent ensuite le PACA, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Corse (-15%), puis l’Occitanie, la Normandie et le Centre-Val-de-Loire (-10%) et enfin les Hauts-de-France (-5%). La desserte par les transports étant rendue bien plus complexe et pénible, les annulations de réservation se multiplient. Pour l’hôtel Bristol de Carcassonne, comme le détaillait sa propriétaire Jeanne Sartore au 13h de France 2 il y a quelques jours, les pertes sont de 500€ par jour, à raison de 10 annulations quotidiennes sur un total de 40 chambres.

Les restaurateurs

Que les cheminots n’espèrent pas de soutien du côté du GNI de l’Hôtellerie et de la Restauration, ils seront déçus. En effet, dans un article dédié sur son site, le Groupement National des Indépendants conclue son propos par un vif « nous leur demandons de cesser de nous prendre en otage. Ils seraient bien inspirés de reprendre le travail ».

Pourquoi un tel désaccord ? Car le secteur perd de l’argent, tout simplement. Les jours de grève, l’activité chute de deux tiers dans certains établissements selon le GNI. Et tout l’Hexagone s’avère touché : Paris avec -10% d’activité comparé au mois d’avril 2017, la Nouvelle-Aquitaine et la Normandie avec -15%. Le Président des restaurateurs, Laurent Fréchet, résume le processus : « Pas de déjeuner au restaurant le midi. Les clients font du télétravail ou récupèrent les heures perdues dans les transports. Le soir, ils pensent à rentrer.(…) De façon très pragmatique, les clients sacrifient leur pause déjeuner ou leur soirée au restaurant. Ils doivent se lever tôt le lendemain matin pour affronter une nouvelle journée de grèves.  »

Et l’environnement ?

Hélas, il y perd aussi. Lorsque les trains viennent à manquer, pas le choix : il faut prendre le bus ou, pire, la voiture. Sachant que près de 5 millions de voyageurs prennent le train chaque jour, imaginez les centaines de milliers de voyageurs qui optent en ce moment pour un transport qui fait exploser les émissions de CO2 et particules fines. Ce qu'on appelle "Les cars Macron", comme les compagnies FlixBus et Ouibus : tous se félicitent de voir leurs réservations tripler par rapport à la normale. Comme un 23 décembre ou 14 juillet, ils vivent une période faste. Mais faire plus d’argent ne rime pas ici avec protection de l’environnement, loin de là.

Toutefois, si des professionnels vivent des moments difficiles, l’économie française dans son ensemble devrait traverser ces grèves sans trop de dégâts. Selon l’Insee, le mouvement de contestation qui avait duré 22 jours en 1995 avait provoqué une perte de 0,2% de croissance du PIB. Et aujourd’hui ? Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie et des Finances, estime qu’il est encore trop tôt pour estimer les coûts des mouvements sociaux. Alors, patience. Comme dans les transports.

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