S’il est souvent question de la baisse générale de niveau dans les écoles françaises, il en est une plus spécifique au sujet de laquelle le Projet Voltaire tire la sirène d’alarme : l’orthographe. En effet, alors même que nous sommes de plus en plus confrontés à l’écriture au quotidien (réseaux sociaux, textos, mails), notre maîtrise des règles essentielles de grammaire n’a jamais été aussi fragile.
Retour sur les conclusions du Baromètre Voltaire 2015.

1.      Comment a évolué le niveau global ?

Le principe de l’enquête est simple : laisser les internautes se connecter sur le site du Projet Voltaire et répondre à 84 questions évaluant leur maîtrise d’autant de règles d’orthographe lexical (écrire les mots) et grammatical (les accorder). En tout, 84 302 participations furent enregistrées, soit dix-huit fois plus qu’il y a cinq ans. Un panel tout à fait représentatif de la population française dans son ensemble (âge, répartition géographique, études), permettant d’appliquer les réponses à l’ensemble de la population française.

èLes Français maîtrisent 45 % des règles d’orthographe élémentaires.

Ce résultat constitue un double drame, en ce qu’il marque un recul de six points par rapport à 2010 et nous fait passer sous la barre symbolique des 50 %. En clair, nous ne maîtrisons pas même une règle élémentaire sur deux. Ramené sur dix, ce chiffre nous offre une moyenne de 9,08/20 (contre 10,13/20 il y a cinq ans).

Une bonne nouvelle malgré tout : si, lors de la précédente enquête, nous maîtrisions bien mieux la grammaire que le lexique, les deux niveaux tentent désormais à s’équilibrer. Il n’est pas dit qu’il faille y voir une bonne nouvelle, le nivellement se faisant par le bas.

2.      Quel est le profil des champions ?

Il existe un véritable contraste entre la concentration des mauvais élèves au nord-est et le sud-ouest de la France, véritable pépinière de champions. Ainsi, on compte pas moins de neuf départements du sud-ouest dans les quatorze premiers rangs du classement. Les notes des territoires français s’étalent de 662 (un très bon score !) et le plus inquiétant 362.

Le baromètre renferme une très bonne nouvelle : nous ne cessons de nous améliorer au cours de notre vie. En effet, notre maîtrise passe de 26 % au collège à 35,5 % au lycée, pour culminer à 54 % dans la vie professionnelle. En note : 5,22/20 pour les collégiens, 6,9/20 pour les lycées et 10,73/20 pour les actifs. S’il est réjouissant de voir les professionnels atteindre la moyenne, on peut s’inquiéter qu’aucune tranche d’étudiants (même dans l’enseignement supérieur) n’y parvienne.

Enfin, les femmes continuent de battre les hommes, avec des scores de 48 % contre 43 %. Notons cependant l’écart entre les deux tend à se réduire, la chute de niveau étant plus prononcé chez les premières.

Pour résumer, vous avez plus de chance de devenir champion de France d’orthographe si vous êtes une femme active résidant dans le sud du pays !

3.      Quels sont nos blocages ?

Comme souligné précédemment, le Baromètre fait la distinction entre règles lexicales (écrire un mot correctement, tel qu’il apparaît dans le dictionnaire) et grammaticale (l’accorder selon les règles). Les répondants étaient soumis à trois fois plus de grammaire que de lexique, ce dernier pouvant aisément être laissé aux correcteurs orthographiques de nos différents appareils.