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Le revenu universel : la petite idée qui monte, qui monte

09/06/2016

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Il est une idée qui fait son chemin aussi bien parmi les rangs des « insurgés » de Jean-Luc Mélenchon que dans les bureaux Républicains de la rue de Vaugirard : celle d’un revenu de base, universel et inconditionnel. On peut s’étonner qu’une mesure qui touche à des notions clivantes telles que le travail et le mérite unissent des personnalités politiques aussi diverses, et oppose dans le même temps les membres à l’intérieur d’un même courant. Et pourtant.

Portés par des arguments touchant à la citoyenneté, à la philosophie et à l’économie, le revenu universel est sur le point de déclencher un débat houleux et passionnant dont on vous trace les premières lignes.

 

Définition

Le revenu de base inconditionnel (RBI), souvent appelé revenu universel, est une somme fixe versée par l’Etat à l’intégralité de ses citoyens sans condition d’âge, de revenu ou patrimoine. Elle est donc perçue par tous, y compris les enfants et grandes fortunes.

 

Le RBI est-il une invitation à l’oisiveté ?

Et vous, continueriez-vous à travailler si vous touchiez un revenu garanti ? Etonnamment, il semblerait que oui. Dans les territoires ayant testé ce dispositif, rares sont les actifs qui ont choisi de cesser de travailler. En Suisse où son implémentation a été envisagée (voir encadré), seul 2 % d’entre eux disaient vouloir quitter leur emploi.

Outre l’indéniable fonction de socialisation et d’expression de soi de l’activité professionnelle, ce choix s’explique par le faible montant du revenu universel, souvent fixé sous le salaire minimum, qui constitue donc un complément de salaire, un filet de sécurité, plutôt qu’une invitation à l’inactivité.

En revanche, le RBI valide de fait l’existence d’un chômage de masse. La démarche de l’Etat ne consiste plus à aider les demandeurs d’emploi à renouer avec le travail, mais à leur permettre de vivre décemment dans l’inactivité. La lutte pour le plein-emploi cesse donc où s’installe le revenu universel. Les opposants au RBI appelle donc avant tout à une meilleure répartition du travail : moins d’heures pour chacun, mais du travail pour tous.

A cela, les défenseurs du RBI répondent que ce dernier pourrait au contraire favoriser l’activité, notamment les nouvelles formes de travail. En effet, assurer de toucher de quoi subsister pourraient désinhiber les vocations entrepreneuriales. Face à l’augmentation du travail indépendant, le revenu universel laisse le temps à l’entrepreneur de se créer une clientèle et lui assure de quoi vivre au-delà des aléas du carnet de missions.

Soulignons enfin que ne pas travailler ne signifie pas nécessaire être oisif (voir question suivante).

 

Le RBI est-il injuste ?

Aujourd’hui, la participation au bien commun n’est évaluée qu’à la lumière de la valeur comptable créée. On parle de salaires, de rentabilité, de résultats comptables, de poids économique des différentes activités. Or, il est des personnes qui, sans dégager de profit, ne sont pas pour autant inactives. Citons à titre d’exemple les bénévoles des associations ou les parents restés au foyer ; eux aussi sont utiles à la communauté. Pour ses défenseurs, le RBI est vecteur de justice en ce qu’il reconnaît ces acteurs ignorés par le système actuel. Il déconnecte ainsi la notion de « travail » du salariat et de la création de richesses.

Les opposants, en revanche, décrivent le revenu universel comme une balle tirée dans le contrat social, un déséquilibre nocif dans la balance des droits et des devoirs qui régit chaque société. Le citoyen perçoit dans la mesure de ce qu’il donne, ce qui le responsabilise. Comment garantir la paix sociale dans un modèle qui donne autant à l’inactif volontaire qu’au travailleur, au modeste qu’à la grande fortune ? Si l’intuition réagit forcément à cette hypothèse, il convient de rappeler que l’activité professionnelle continuera à être rémunérée et la justice, assurée par la progressivité de l’impôt sur le revenu.

 

Le revenu universel en Europe

Telle une vague, le revenu universel se fie des frontières et s’infiltre dans tous les pays de l’Union. Entre simple débat et expérimentations, les initiatives se multiplient.

Les Suisses furent invités à se prononcer par le biais d’une votation populaire (referendum) le 5 juin dernier. A la question « Faut-il instaurer un revenu de base inconditionnel de 2300 € (somme dérisoire en Suisse) ? », ils furent 76,9 % à répondre NON. Les partisans de la mesure sont cependant ravis, eux qui ont réussi à la placer sur le devant de la scène publique et ainsi provoquer un débat d’envergure nationale.

Aux Pays-Bas, une vingtaine de villes vont se prêter dès janvier 2017 à une expérimentation sur le sujet. Les personnes volontaires pourront vivre selon le nouveau schéma induit par le revenu universel. L’expérience n’étant pas généralisée, il sera impossible d’en tirer des conclusions macroéconomiques ; l’objectif est d’observer le comportement des personnes sous ce régime, notamment vis-à-vis du travail.

La Finlande est sans doute le pays membre le plus avancé. Conformément à son programme de campagne, le gouvernement de centre droit de Juha Sipilä, confronté à un chômage record pour le pays, a décidé d’instauré dès 2017 un revenu de base de 800 €. En contrepartie, toutes les aides sociales seraient supprimées. Un rapport devrait être rendu mi-novembre pour estimer la faisabilité du projet.  Près de 70 % de la population finlandaise est en faveur de cette mesure. [Mise à jour janvier 2017 : la Finlande a lancé une expérience en versant un revenu universel à 2000 actifs tirés au sort à parti du 1er janvier 2017.]

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