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Le métier oublié de la Sténo-dactylo

15/03/2013

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Alors qu’est sorti en novembre le film Populaire avec Romain Duris et Déborah François, tiré du nom de la machine à écrire Japy rose bonbon qui naîtra dans les années 50, nous avons décidé d’effectuer un voyage dans le temps au pays du sténo-dactylo. Une virée nostalgique dans l’histoire des métiers.

Vous avez dit Sténo-dactylo ?

 "Sténo-dactylo" mêle deux mots : sténographie et dactylographie. Le premier est défini comme « l’art de se servir de signes conventionnels pour écrire d’une manière aussi rapide que la parole, selon l’ouvrage Cours Complet de sténographie publié par les éditions Foucher à Paris dans l’Entre-deux-guerres.

La dactylographie désigne le métier, ou plus simplement l'aptitude, à saisir un texte sur un clavier d'ordinateur ou anciennement une machine à écrire, avec ses 10 doigts et sans regarder ses mains !

Le sténo-dactylo pratique donc, le plus souvent pour le compte d’un supérieur hiérarchique, la sténographie et la dactylographie. Les deux techniques sont en effet complémentaires puisque la prise de note ou la transcription d’un discours se fait en sténographie, permettant ensuite la mise au propre par le biais de la machine à écrire.

Des origines anciennes

L’histoire de la sténographie est ancienne : déjà sur les tablettes antiques puis dans les manuscrits médievaux, on retrouve un système d’écriture abrégée. Toutefois, c’est principalement au XVIIIème siècle qu’on essaye de mettre au point une technique rapide d’écriture. Des systèmes s’imposent vite : Prévost d’abord en 1826, puis Delaunay qui perfectionne la méthode de Prévost en 1876 ou encore l’abbé Duployé en 1867. Finalement, le système Prévost-Delaunay sera surtout utilisé dans le nord de la France, le système Duployé dans le sud.

Du Sténographe à la sténodactylographie

Dans les années 1880, la sténographie est pratiquée par une élite cultivée pour son intérêt personnel. Un peu plus tard, elle fait son entrée dans le monde professionnel, d’abord dans les milieux journalistiques, puis dans le monde judiciaire.

A la fin du XIXème siècle, les sténographes font leur entrée officielle dans les bureaux. Reconnu comme un métier à part entière, il est au départ exclusivement réservé aux hommes. Leurs compétences professionnelles sont d’ailleurs officiellement reconnues. Ils vont vite se rendre compte de l’utilité d’un outil ingénieux : la machine à écrire. En effet, les sténographes réalisent que la dactylographie (le fait de taper à la machine) peut compléter leur propre activité. C’est pour cette raison qu’en 1889 est créé le Syndicat général des sténographes et dactylographes, qui regroupe les membres des deux professions. C’est le début de leur fusion, tandis que la voie s’ouvre peu à peu aux femmes …

Une féminisation du métier après la première guerre mondiale

La première guerre mondiale a profondément fait évoluer les mentalités. Les femmes ont dû faire preuve d’autonomie, tandis que les hommes se battaient au front. Le travail est devenu plus familier dans un moment de crise majeur en crise, puisque les femmes ont du contribuer à l’effort de guerre par le biais de la productivité, et donc du travail.

La guerre achevée, c’est donc tout naturellement que le métier de sténo-dactylo cesse peu à peu d’être exclusivement masculin en France. La femme fait son entrée dans la profession en tant que figure de la salariée parisienne. Elle est l’incarnation d’une nouvelle féminité, et représente la femme indépendante et urbaine. Elle s’oppose ainsi à la paysanne ou à l’ouvrière en accédant à une autre couche sociale.

En outre, c’est réellement l’invention de la machine à écrire qui va faire entrer la femme dans les bureaux. Cette dernière est très vite sexuée : son design est proche de la machine à coudre ou encore du clavier d’un piano. Ces deux éléments, qui vont attirer une certaine catégorie de femmes appartenant à la petite bourgeoisie, sont à l’origine de la forte féminisation du métier après la première guerre mondiale. Aux Etats-Unis, ce même phénomène a été observé, mais dès 1880. En effet, bien avant la fin de la première guerre mondiale, les femmes représentaient déjà 40% des employés du secteur.

Toutes les revues professionnelles de l’époque dressent un portrait flatteur de la jeune sténo-dactylo, tout en mettant un point d’honneur à défendre son honneur. La presse souhaite toutefois lui opposer une image différente : celle de l’héroïne, symbole de la réussite féminine, avec tout l’imaginaire fantasmé que cela peut impliquer. L’histoire d’amour entre la dactylo et son patron devient commune, ce qui entretient l’attrait des jeunes filles pour la profession.

Disparition du métier

De nos jours, la sténo-dactylo a quasiment disparu. Elle est devenue un personnage de roman ou de film. Elle a été requalifiée parfois par le terme « assistante » ou bien jamais remplacée. Cela est dû au fait que le monde du travail évolue et que chaque époque observe la mutation de certains métiers. Dans le cas de la sténo-dactylo, la généralisation de la bureautique, avec notamment l’arrivée des ordinateurs, lui a enlevé la justification de son poste.

Toutefois la sténotypie se perpétue lorsqu’il s’agit de rendre compte des discours officiels dans les meetings politiques, les assemblées territoriales et nationales, ou encore dans les congrès.  La machine, dont la forme et l’aspect n’ont pas varié depuis le début du XXème siècle, est désormais dotée des derniers progrès techniques. Elle peut, en effet, se connecter à un micro-ordinateur qui décode immédiatement la « prise » de notes et traduit le contenu par des mots intelligibles sur un traitement de texte. La phase de transcription par la sténotypiste a été ainsi supprimée.

Pauline de Waele

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