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Quelles sont les tendances du marché de l'emploi des métiers de la comptabilité-gestion ?

01/10/2002

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Gilles Samama, ACOGES GESTION

Nous sommes dans une situation de véritable pénurie de main-d’œuvre. Je note cela à deux niveaux. En effet, je suis d’une part, responsable du cabinet de recrutement ACOGES CONSEIL, cabinet de recrutement spécialisé dans le recrutement et la formation de collaborateurs comptables exclusivement.

D’autre part, j’ai fondé, il y a déjà 14 années, une école de formation aux métiers de la comptabilité, l’ESCG. Je suis moi-même de formation expert-comptable, et je connais donc très bien le secteur.

Les cabinets d’experts-comptables rencontrent aujourd’hui de grandes difficultés pour recruter. Il y a une véritable pénurie de main-d’œuvre, qui touche d’ailleurs tous les cabinets.

Les gros cabinets d’expertise ont en effet autant de mal à recruter que les petites structures, malgré les efforts qu’ils développent pour attirer les meilleurs jeunes diplômés.

Je me pose souvent la question de savoir comment nous en sommes arrivés là. Il y a encore cinq années, lorsque nous faisions passer une offre d’emploi de collaborateur dans la presse, nous recevions une bonne cinquantaine de CV.

Aujourd’hui, la diffusion d’une telle offre d’emploi nous apporte en retour cinq à six CV, trois candidats seulement accepteront de se déplacer et un seul acceptera éventuellement le poste…

Cette pénurie est particulièrement forte en Ile-de-France. Il n’en est pas de même en province.

La réponse à la question « Pourquoi la pénurie ? » semble se trouver dans le faible engouement des jeunes à poursuivre des études de comptabilité.

Chaque année, il y a moins d’étudiants à s’engager dans ces formations. Prenons l’exemple du BTS comptabilité.

Jusqu’à il y a trois à quatre ans, environ 10 000 jeunes présentaient ce diplôme sur Paris Intra Muros. Cette année, ils ne sont que 4200 candidats !

C’est alarmant. On ne peut que penser que les jeunes se désintéressent de la comptabilité. Cette matière souffre d’une très mauvaise image auprès des jeunes.

Ils pensent tous que c’est mal payé, alors que ce n’est pas vrai. Ceux qui ont l’ambition d’aller jusqu’à l’expertise comptable se heurtent en outre aujourd’hui à un véritable parcours du combattant.

Auparavant, il était plus facile d’obtenir un diplôme d’expert comptable.

La réforme des études a rendu le parcours beaucoup trop complexe. Une autre raison qui peut expliquer cette pénurie de candidats est la conjoncture économique et l’arrivée des 35 heures.

La conjoncture s’est nettement améliorée, entraînant une forte progression des embauches de professionnels de la comptabilité.

La mise en place des 35 heures s’est également traduite par des besoins accrus d’embauche au sein des entreprises.

Parallèlement, les cabinets d’expert comptables ont toujours eu tendance à être en sous-effectif. Ils connaissent aujourd’hui une forte concurrence en terme de recrutement avec les entreprises traditionnelles.

Non seulement elles rémunèrent souvent mieux, mais en plus, les employés y bénéficient des 35 heures et d’autres avantages inhérents à des grandes entreprises.

Tous ces facteurs font que pour les cabinets d’expert comptable, il y a une vraie pénurie de l’emploi.

Nous sommes un groupe  de travail temporaire spécialisé dans les profils Bac+2 à Bac+5 présent sur tout le territoire français

Nous déléguons des experts, aux compétences éprouvées dans les domaines de la comptabilité / finances, de la banque et de l’assurance, des ressources humaines et du juridique, de l’ ingénierie,  et des technologies de l’information.

Le marché de l’emploi des professionnels de la gestion-comptabilité est effectivement très porteur.

De nombreuses sociétés s’adressent à nous pour des profils dans ce domaine dès le début de l’été.

Les candidats préfèrent en règle générale opter pour un poste en entreprise mais le cabinet d’expertise comptable demeure également une bonne expérience.

En entreprise, les salaires sont souvent plus élevés et les horaires de travail sont moins conséquents. La population des professionnels de la comptabilité profite des 35 heures.

Au sein d’une grande entreprise, les candidats ont plus de chances de ne pas faire que  de la comptabilité pure mais de s’ouvrir également au contrôle de gestion, par exemple.

Les entreprises du secteur de la banque et de l’assurance connaissent un important vieillissement de la pyramide des âges de leurs collaborateurs : de nombreux  départs en retraite dans les dix années à venir sont prévus, il faudra donc recruter un très grand nombre de jeunes diplômés : c’est le phénomène du « Papyboom ».

En anticipant au plus tôt cette situation, les entreprises du secteur bancaire et de l’assurance vont rechercher de nombreux collaborateurs et créer une tension sur les recrutements des professionnels de la comptabilité, de la gestion et des métiers de la finance.

Jean-Pierre Gralle, directeur de Selpro Finance

Selpro est une entreprise de travail temporaire, qui est présente depuis longtemps dans l’intérim des métiers de la Comptabilité, de la Banque et de la Finance.

Le vieillissement des « babyboomers » préfigure actuellement à de futurs recrutements. Ce sont tout les postes de cadres et de non cadres qui sont concernés par le phénomène.

Les jeunes diplômés vont largement bénéficier de cette situation. Il s’agit dorénavant pour eux de bien construire leur carrière pour bénéficier des opportunités qui vont rapidement apparaître.

La demande ne va pas cesser de la part des entreprises. Avec l’intérim, nous pouvons leur construire un bon début de carrière.

Madame Dutertre, ACOFI

Je m’occupe en autres du recrutement du groupe ACOFI, cabinets d’expertise comptable. Nous avons plusieurs cabinets en région parisienne et employons une soixantaine de collaborateurs.

Nous sommes par ailleurs membre du réseau France Défi, premier réseau français d'experts-comptable indépendants. 

Nous sommes, comme toute la profession, confrontés à des difficultés de recrutement, c'est pourquoi aujourd’hui il est primordial et important de fidéliser les collaborateurs déjà en poste.

Pour mener à bien nos recrutements, d'une part, je contacte systématiquement les services de l’ANPE, d'autre part l’intérim est également pour nous une véritable opportunité pour recruter des collaborateurs et enfin j'utilise les sources classiques de recrutement telles les offres d'emploi dans la presse et maintenant sur Internet.

Enfin, nous avons recours à l'alternance qui   permet de bien former et d'intégrer les jeunes collaborateurs. C’est un véritable investissement de part et d’autre. Les jeunes doivent s’y intéresser.

Jacques de Poix Normaconsulting

Au sein de Norma consulting, filiale du groupe Norma Conseil RH, groupe spécialisé dans le recrutement en CDI, nous sommes amenés à recruter des professionnels des métiers de la comptabilité et de la finance.

Nous faisons également du consulting management, c'est-à-dire, du placement de cadres de haut niveau en intérim, pour des missions temporaires de management allant de quelques semaines à plusieurs mois.

Nous notons effectivement une tension sur le marché du travail des professionnels de la comptabilité. Elle remonte bien avant les événements de septembre, qui n’ont été qu’un révélateur. 

Les entreprises anticipaient alors déjà une crise annoncée. Suite à cette période difficile il y a eu une confusion des valeurs de la profession.

D’autres part, les entreprises, si elles sont responsables dans leurs décisions d’intégrer de nouveaux collaborateurs, ne savent souvent pas faire des descriptifs de postes adaptés.

Elles attendent toutes les qualités de la part du candidat.

Elles demandent un Bac+5 là ou un bon candidat Bac+2 suffirait.

Nous sommes souvent amenés à les ramener sur terre, car elles ne veulent pas reconnaître la situation actuelle du marché de l’emploi.

Autre difficulté, après avoir connu des licenciements massifs, suite à des regroupements d’entreprises, les jeunes diplômés ne recherchent plus une entreprise, mais un métier.

Ils n’envisagent plus d’évoluer au sein de l’entreprise, mais veulent y connaître quelques expériences professionnelles. Ils recherchent un épanouissement global.

Ils ont en quelque sorte un comportement ludique. Les entreprises n’y sont toujours pas préparées.

Jean-Pierre Gralle, SELPRO

J’ai aussi noté que les DRH, à la recherche de professionnels des métiers de la comptabilité et de la gestion, cherchent souvent des candidats pouvant assurer une fonction très précise.

Ils ne jugent les candidats souvent que d’après leur spécialisation.

Ils en oublient que le candidat maîtrise les fonctions de base des métiers de la gestion, et que ses connaissances générales peuvent lui permettre de satisfaire le poste, après une formation en interne.

Pour satisfaire leurs recrutements de comptables, par exemple, ils recherchent tous des jeunes diplômés avec une première expérience, là où un bac pro comptable pourrait suffire.

Ils veulent absolument des BTS. Il y a une mode à regarder davantage la spécialisation du candidat que ses connaissances de base.

Florence Devaud - Accountemps

Accountemps est une filiale de Robert Half International. Nous sommes la branche intérim du premier groupe mondial de ressources humaines, et nous sommes spécialisés dans les métiers de la comptabilité, la banque et la finance.

J’apporterais une note positive à notre appréciation du marché de l’emploi. Les professionnels de la comptabilité ont de beaux jours devant eux.

Il existe des écoles spécialisées dans les métiers de la comptabilité, avec des jeunes motivés, qui, par exemple, préfèrent intégrer un cabinet d’expertise, car ils considèrent qu’il s’agit-là d’une expérience très formatrice, véritable accélérateur de carrière.

De même, en faisant appel à l’intérim, ils peuvent mieux se confronter au monde du travail et découvrir plusieurs facettes de leurs métiers avant de s’engager dans une entreprise. Nous conseillons d’ailleurs les jeunes diplômés pour les aider à trouver leur premier emploi.

Nous apprécions la qualité d’une candidature de jeune diplômé à partir de ses expériences de stage en entreprise et nous en tenons compte pour le placer dans sa première mission.

En fonction de ses attentes, nous le faisons progresser, au cours des missions suivantes.

Actuellement, le marché de l’emploi est plutôt stable.

L’intérim nous permet vraiment de satisfaire tout type d’exigence des jeunes diplômés, en fonction de leur projet professionnel.

Dans les métiers bancaires, nous attirons beaucoup de jeunes diplômés, de Bac+2 à Bac+4, pour des postes dans les métiers du « Back Office » et des fonctions de « chargé(e)s de clientèle ».

Rapidement et selon leur assiduité, ils pourront après de 2 à 3 ans évoluer au sein de ses établissements bancaires. En nous rencontrant, le jeune diplômé bénéficie de nombreux conseils pour optimiser sa carrière, car notre rôle consiste également à l’accompagner dans son parcours.

Anne Trévien, Expectra

La situation est effectivement très favorable actuellement, pour le recrutement de spécialistes des métiers de la comptabilité.

Nous connaissons actuellement pour ces métiers, une progression de 30 % de notre activité et nous travaillons sur de nombreuses demandes soit provenant de grands groupes ou de PME. Nous pouvons apporter de précieux conseils à un Jeune diplômé.

Nous lui apportons notre savoir faire et notre expérience sur les techniques d’entretien,sur la rédaction de son cv .

Nous évoquons son  projet professionnel, et nous lui proposons des missions variées, en conséquence. Nous tenons compte des stages qu’il a déjà effectués.

Les jeunes diplomés  sont nombreux à manifester de réelles ambitions, ils souhaitent s’investir de façon conséquente dès leur première expérience professionnelle, et nous pouvons répondre à leurs attentes .

Gilles Samama, Acoges conseil

Il faut distinguer cependant plusieurs catégories de jeunes diplômés. S’ils bénéficient d’une formation longue, ils n’ont aucun problème pour trouver un emploi et accélérer leur carrière.

S’ils ont une formation comptable plutôt courte (jusqu’à Bac+2), ils ont souvent intérêt à choisir, avant d’entrer au sein d’une entreprise, entre des missions d’intérim variées ou une première expérience au sein d’un cabinet d’expertise.

L’entrée dans l’entreprise doit venir après, car ils ont encore besoin de se former à l’issue de leurs études. Travailler dans un cabinet ou mener plusieurs missions en intérim est un véritable tremplin pour le jeune diplômé.

Je préconise à mes élèves d’opter pour un cabinet d’expertise dans le cadre du premier emploi. Parmi les élèves de la promo de 1997, il y a cinq années, très peu de jeunes qui ont choisi la voie du cabinet d’expertise y sont encore salariés. Ils ont entretemps intégré des entreprises… mais à des postes qualifiés.

Philippe Combes Hays Alpha Travail temporaire

Hays Alpha T.T. est une société de travail temporaire, implantée à paris, qui est spécialisée dans les secteurs de la Banque, de la Finance, de l’Assurance ainsi que dans les métiers du tertiaire : administratif, comptabilité et télémarketing.

Nous recrutons à ce titre de nombreux jeunes diplômés chaque année, et pouvons les placer au sein de grandes entreprises du secteur de la banque-finance, de l’assurance et bien d’autres secteurs très diversifiés : multi-média, luxe, téléphonie mobile ….

Si nous pouvons effectivement aider les jeunes diplômés dans le début de leur carrière, il faut cependant insister sur l’importance du premier poste.

Il va être déterminant dans la carrière du candidat. Avec, l’intérim, il peut donc mieux approcher le monde du travail, en ne s’engageant vraiment qu’à partir du moment où il en aura une bonne visibilité et se sera fait une idée plus précise de ses aspirations professionnelles.

Nous pouvons donc aider le jeune diplômé dans son choix de premier poste stable. Avec quelques missions en intérim, il pourra mieux se situer sur le marché de l’emploi.

Florence Devaud, Accountemps

La Formation constitue un autre avantage de l’intérim pour les jeunes diplômés. Outre la formation continue, Accountemps propose  à tous ses intérimaires et dès la première mission, la possibilité de se former à distance, grâce à des programmes de « e-training » (Ndlr : formation à distance par Internet).

Nous offrons plus de 2000 cours en ligne tels que la micro informatique, les progiciels de gestion comptable, la finance et le management.

Ce sont des formations assistées avec des professeurs et qui débouchent sur une véritable et concrète qualification. Cet effort sur la formation permet également au jeune diplômé de se positionner sur le marché de l’emploi, en vue d’un CDI.

Anne Trévien, Expectra

Au sein d’Expectra, nous consacrons. 4% de la masse salariale à la formation professionnelle. Les Jeunes Diplômés en profitent évidemment, et cela nous permet aussi de répondre à des recrutements de postes tels que des gestionnaires paies, où il n’y a pas de diplôme spécifique et où une formation peut permettre à l’intérimaire d’être opérationnel rapidement.

Jacques de Poix, Norma consulting

Il faut néanmoins distinguer deux types de formations. Il y a la formation nécessaire pour suivre l’évolution des systèmes informatiques sur lesquels les professionnels travaillent et il y a la formation personnelle pour faire évoluer sa mission vers des niveaux de postes plus élevés (vers le contrôle de gestion, vers « l’accounting », etc.).

Souvent, les responsables de service ne sont pas très favorables à des formations en interne, car ils ont peur de perdre alors de bons éléments. Toute opportunité de formation est donc bien sûr à saisir. Par ailleurs, il est intéressant de noter que ces dernières années, l’évolution informatique a été si importante - et devrait continuer de l’être - que les entreprises ont du mal à organiser leurs services comptabilité-gestion sur la durée.

Les professionnels d’il y a 10 ans ne sont en effet plus toujours au fait des nouvelles technologies informatiques utilisées. La maîtrise de l’informatique s’avère vraiment stratégique pour une candidat souhaitant faire carrière dans les métiers de la gestion et de la finance.

Jean-Pierre Gralle, SELPRO

La formation est effectivement importante d’autant que les métiers de la Comptabilité et de la Finance ne sont pas les mêmes qu’avant. Ils sont évolutifs.

A nous de conseiller le jeune vers un métier tremplin. Il doit chercher ce qu’il veut faire, nous devons lui expliquer le marché de l’emploi et  lui donner confiance.

L’intérim lui permet ensuite de se confronter au terrain et de se spécialiser, avant de s’engager.

Gilles Samama, ACOGES Conseil

Effectivement, il y a une évolution des métiers, qui est d’ailleurs suivie par les formations. Les nouveaux BTS seront moins comptables au profit de l’enseignement de l’analyse, de la gestion et de l’informatique.

Souvent les jeunes ne savent pas ce qu’ils veulent faire. C’est à nous de les aider. Nous leur demandons ce qu’ils veulent faire dans 5 ans, dans 10 ans. Nous les orientons aussi au niveau du salaire, car ils ne savent pas combien ils peuvent prétendre gagner.

Jacques de Poix, Norma Consulting

Les jeunes diplômés gestionnaires et comptables ne savent souvent pas se vendre. Ils ne se posent pas la question de savoir ce qui peut être fait afin d'être meilleur que les autres candidats en entretien.

Ils ne se positionnent pas dans un environnement concurrentiel avec les autres candidatures. Ils se contentent de mettre en avant leurs compétences techniques. Or, il faut qu’ils créent leur argumentaire.

Florence Devaud, Accoutemps

Un dernier conseil pour la rédaction et la présentation de son CV : il faut être précis, rester classique et présenter un seul objectif de carrière. J’attends d’un jeune diplômé qu’il m’explique son projet de carrière et qu’il se positionne pour y arriver.

Il faut également avoir à l’esprit que les salaires se sont stabilisés depuis peu. Le marché de l’emploi est plus équilibré que l’année dernière.

Les consultants d’Accountemps ont pour objectifs de recruter, d’orienter et de conseiller les candidats sur leur candidature et le marché pour les accompagner dans leur projets et les faire évoluer.

Philippe Combes Hays Alpha Travail Temporaire

Un conseil déterminant serait d’insister sur la nécessité de vouloir apprendre. Il faut être ouvert pour réussir aujourd’hui dans ces métiers.

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