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Plan régional d’insertion : nos quartiers, on les aime et on les aide ?

06/04/2018

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Bien que le chômage baisse (un peu) selon les statistiques officielles, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Les jeunes des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) peuvent en témoigner, avec près de 25% d’entre eux en recherche d’emploi. Alors ce mercredi 4 avril à la préfecture d’Île-de-France, il fallait marquer le coup. Rassurer sur la mobilisation. Avec un plan composé de trois dispositifs complémentaires.

10h30, 5 rue Leblanc dans le 15ème arrondissement, dans le grand auditorium de la préfecture d’Île-de-France. Le préfet de la région, Michel Cadot, est déjà là, les autres intervenants également ; mais des sièges restent vides. Alors « on va patienter encore un peu » comme le dit Michel Cadot. Les responsables tiennent à montrer leur bonne volonté, sur le fond comme sur la forme. Quelques minutes plus tard, c’est parti : on découvre le plan régional d’insertion. Résumé.

1. Le plan d’insertion jeunesse

Premier constat empli de franchise du préfet d’Île-de-France Michel Cadot, les aides « ne touchent pas assez ceux qui en ont le plus besoin ». Il parle ici des 12 800 demandeurs d’emploi âgés d’ entre 16 et 25 ans, un chiffre probablement éloigné de la réalité puisqu’il ne prend pas en compte tous les inactifs non-inscrits à Pôle Emploi. Quoi qu’il en soit, les 40 dispositifs mis en place depuis quelques années s’avéraient plutôt inefficaces de l’aveu même d’élus locaux présents pour l’occasion.

La solution ? Revoir l’organisation et l’articulation de ce dispositif. Concrètement, cela donne une sélection de 77 quartiers prioritaires, choisis par le préfet. L’enjeu, toujours selon Michel Cadot, est d’améliorer « la capacité collective à aller vers les jeunes et les faire adhérer ». Pour ce faire, les référents locaux jouent un rôle primordial : travailleurs sociaux, éducateurs, médiateurs… Des personnes regroupées en 31 groupes opérationnels afin, encore une fois, d’optimiser l’efficacité de ce plan régional d’insertion.

L’objectif est simple : rendre les jeunes employables. Ce qui passe par une meilleure adéquation entre ces derniers et les besoins des entreprises, notamment par une relation efficace entre les groupes opérationnels et le monde de l’entreprise. Un défi relevé par plusieurs entités à la fois, toutes interdépendantes, d’où le temps nécessaire à sa définition avant cette annonce en grande pompe. Sans oublier le côté légal, avec l’autorisation donnée par la CNIL d’échanger les informations entre les dispositifs.

2. Le parrainage

Sur le principe, il n’y a rien de plus simple. Un jeune se voit accompagné par un parrain (ou une marraine) qui va lui transmettre son expérience professionnelle et personnelle. Avec, évidemment, le but de faciliter la recherche d’emploi du jeune en question. Qu’il s’agisse de conseils pour la rédaction d’un CV, d’une lettre de motivation, la préparation et le débrief d’un entretien voire le partage d’un réseau de connaissances, le parrain agit en faveur d’une plus grande égalité des chances. Car l’insertion professionnelle des jeunes des quartiers prioritaires reste indéniablement inférieure à celles des autres : 25% de taux de chômage pour eux contre une moyenne nationale de 8,9 % (au dernier trimestre 2017 selon l’Insee).

Souvent, les compétences sont là. Les diplômes et qualifications aussi. Ce qui manque ? La maîtrise des codes sociaux, si on présente les choses de façon politiquement correcte. Ou la discrimination, pour dire les choses de façon plus prosaïque comme le fait Didier Baichère, député des Yvelines et ancien DRH d’une grande entreprise pendant plus de 20 ans, qui insiste sur « la responsabilité sociale des entreprises ». En tout, ils seraient 5 800 jeunes (chiffres de 2016) à se battre pour trouver un emploi conforme à leurs capacités, dont 57% vivent dans lesdits quartiers prioritaires. Un ancien d’entre eux, Karim, est d’ailleurs présent pour témoigner de l’utilité du parrainage. Grâce à son parrain Olivier Garel (Directeur Commercial du pôle Transport, Tourisme et Médias chez/à Orange Business Services) et la structure NQT, il a trouvé sa voie.

Un plaisir et une motivation retrouvés de l’autre côté, chez Gilles Hoffman, parrain d’une jeune femme au sein d’une association locale à Roissy-en-Brie. En trois ans, il a eu sous son aile une dizaine de filleuls avec l’objectif de « les mettre en confiance ».  Michel Cadot ne croit pas si bien dire lorsqu’il souligne que « l’aspect humain est essentiel dans le projet », après le témoignage d’un homme ayant 21 ans de bénévolat derrière lui.

3. Les emplois francs

Autre moyen d’encourager les entreprises à pérenniser les emplois : les aides financières. Et oui, il faut rester lucide, rien de tel qu’une carotte (dorée) pour motiver son public. En cas d’embauche en CDI, l’entreprise recevra 5 000€ par an pendant trois ans ; en cas de CDD supérieur à six mois, elle recevra 2 500€ par an pendant deux ans. Un dispositif « Emplois francs » qui s’applique sur dix territoires et 200 quartiers afin de permettre une embauche dans les fameux Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV).  Qualifiés du mystérieux nom « aide guichet », les emplois francs se veulent être « une aide significative, avec un dispositif souple et simple dans sa mise en œuvre ».

Dans les faits, l’Etat verse des fonds à Pôle Emploi, lequel redistribue ensuite semestriellement les aides aux entreprises. Remis au goût du jour le 1er avril 2018 – après un échec dans son application précédente-, les emplois francs rassemblent déjà 100 000 bénéficiaires. Un chiffre considérable compte tenu des faibles moyens de communication alloués jusqu’ici : une simple campagne d’emailing à destination des entreprises. Une communication qui pourra évoluer selon les moyens et résultats, le premier bilan étant attendu en juillet, puis celui définitif en fin d'année 2019 lorsque le dispositif prendra fin le 31 décembre.

Toutefois, comme pour le plan régional d’insertion, les emplois francs ne concernent qu’un petit nombre de territoires. Ceux « aux marges de nos processus d’intégration » comme les présentent Michel Cadot, et sélectionnés par le gouvernement. Ici, ni le préfet ni personne d’autre ne fut consulté, au grand dam de certains élus des Hauts-de-Seine ou des Yvelines notamment, dont les quartiers passèrent après ceux de la Seine-Saint-Denis par exemple. Le leitmotiv étant de « concentrer les efforts », tout le monde n’aura pas sa part du gâteau. Et selon Michel Cadot, les choix s’avèrent « non contestables ». Le débat est clôt, donc. L’insertion ne se fait pas sans assertion.

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