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La semaine du handicap : « Un gros buzz médiatique nécessaire »

17/10/2012

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Avec les lois de 1987 et de 2005, puis la création de la semaine nationale pour l’emploi des personnes handicapées il y a une quinzaine d’années, il est intéressant de s’interroger sur les évolutions de la politique handicap en France. Notre journaliste a pu échanger avec un spécialiste de la thématique handicap-emploi, le directeur de la publication de Handirect. Entretien avec Jean-Marc Maillet-Contoz.

Quelle pertinence a t’on de parler du handicap dans l’emploi, le tout concentré en seulement une semaine ?

JMMC : Je ne sais pas si on peut parler de pertinence. En terme de médiatisation, les différents supports ont des difficultés à rendre compte des personnes en situation de handicap dans l’emploi tout au long de l’année. Du coup, il faut voir le bon côté des choses : pendant une semaine au moins, les médias ont pris l’habitude d’en parler. C’est un gros buzz médiatique nécessaire !

Les grandes entreprises sponsorisent des athlètes handicapés. N’est-ce pas un peu réducteur ? Qu’en pensez-vous ?

JMMC : Elles surfent sur la vague !  Elles utilisent la partie émotionnelle que génère le sport, notamment le handisport, pour se donner bonne conscience, travailler l’image extérieure et intérieure et faire de la communication citoyenne.  Du coup, c’est en effet réducteur car cela limite l’image du handicap vis à vis du grand public. La surmédiatisation s’effectue alors au détriment de la plus grande majorité, laquelle se retrouve mise en concurrence avec ce type de profil.

Dans ce milieu, on a besoin d’associer les performances physiques au handicap. Tout le monde adore mais cela ne fait pas avancer grand chose dans l’emploi des personnes handicapées. La société IMS entreprendre a d’ailleurs mené une étude il y a deux ans, auprès de 400 managers, afin de mettre en lumière le regard qu’elle porte sur les personnes handicapées dans l’emploi. « Gentil » et « courageux » sont les adjectifs qui ressortent le plus.  

Ainsi, on constate que ce type de sponsoring est plutôt défavorable pour une grande majorité qui se retrouve réduite à une boule de courage conviviale !

Le marché de l’emploi est hyper tendu en ce moment. S’intéresse t’on toujours aux travailleurs handicapés lorsque le marché est aussi tendu qu’aujourd’hui ?

JMMC : Malheureusement ce n’est pas une situation de cœur, mais plutôt une question de médiation. Les entreprises qui ont signé un accord sont obligées de s’y intéresser. En revanche, il est vrai que lorsque le recrutement est figé dans certaines entreprises, il l’est également dans le milieu handicap. Ce qui est le cas actuellement.

Les mentalités ont-elles évolué depuis quelques années de la part des recruteurs ?

JMMC : Les mentalités évoluent mais en période de crise, tout change. Quand l’économie se rétracte, les entreprises se replient sur elles-mêmes. Alors certes des évolutions depuis 1987, mais on réalise que pour beaucoup de managers, embaucher un travailleur handicapé constitue encore un effort. Les peurs et les aprioris existent toujours chez les dirigeants.

Les premières amendes sont-elles tombées ?

JMMC : Il ne s’agit pas d’amendes mais plutôt d’une contribution. L’entreprise a le choix ou non de mener des actions. Si elle ne le désire pas, elle doit contribuer aux actions de l’Agefiph en lui versant une somme d’argent calculée selon sa taille. Si l’entreprise ne participe à rien pendant 3 ans consécutifs, elle est alors soumise à une majoration de l’ordre de 1500 x le smic horaire par personne handicapée manquante.

Cette sanction est tombée sur quelques entreprises, mais cela est resté très minoritaire car l’Agefiph n’a pas cessé de les harceler afin qu’elles mènent au moins une action dans l’année.

Depuis la mise en place de ces lois handicap, l’accès aux formations est-il plus facile ?

JMMC : Beaucoup d’actions ont été menées dans ce sens par les régions pour inciter les organismes de formation à se rendre accessible et à mettre en place un référent handicap. La formation est même devenue une priorité pour les différents centres.

Toutefois les transports, la non-proximité du lieu de formation dans les campagnes, l’hébergement restent un frein pour certains. C’est pourquoi l’Adapt a mis en place un dispositif de formation à distance.

Les travailleurs handicapés ont-ils fait un effort eux-aussi pour s’insérer dans le marché de l’emploi ?

JMMC : Tous les handicaps ne sont pas confrontés de la même manière à l’emploi de par leur diversité. Ceux qui n’ont pas travaillé depuis longtemps ont du mal à se réintégrer dans un poste ou à reprendre une formation. Certains touchent alors une aide de subsistance et de compensation du handicap. Pour certaines personnes, cette allocution constitue un obstacle : pas question de la lâcher pour gagner 200 euros de plus, tout en subissant par ailleurs les contraintes du travail, les horaires imposés par la vie quotidienne.

Ainsi quand certains fournissent des efforts pour accéder à une certaine reconnaissance sociale, d’autres préfèrent ne pas sortir du cadre confortable de leur domicile pour ne pas voir la suppression de leurs avantages.

L’interdiction d’indiquer que l’offre est exclusivement réservée aux travailleurs handicapés est-elle un avantage ou non ?

JMMC : Il n’y a pas vraiment d’impact car les entreprises qui veulent recruter des travailleurs handicapés savent où chercher les candidats et participent en général à l’ensemble des journées organisées pour le recrutement des handicapés.

Et puis officiellement, sous l’égide de la loi, tous les postes sont ouverts aux handicapés !

Où se situe la politique handicap en France par rapport à nos amis européens ?

JMMC : En terme de recrutement des personnes handicapées, la France est la mieux placé au niveau européen. Après, en ce qui concerne la prise en charge matérielle et humaine, la France est loin d’avoir la meilleure place.

Pauline de Waele

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