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Congés illimités : un cadre encore peu adapté en France

02/07/2018

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Avec ce concept, les salariés peuvent partir en congés quand et autant qu’ils le désirent. A une condition : qu’ils remplissent leurs objectifs. Un fonctionnement déjà populaire aux Etats-Unis et qui intéresse aujourd’hui en France. Tour d’horizon pour en comprendre les enjeux.

Le phénomène reste encore marginal dans l’Hexagone. Alors que le « modèle » en la matière, le pays de l’Oncle Tom, compte 56 offres d’emploi sur 100 000 proposant des congés illimités, nous ne dépassons pas le 1 sur 100 000. En Europe également, d’autres pays y ont déjà davantage fait confiance (26 sur 100 000 au Royaume-Uni ou 9 sur 100 000 aux Pays-Bas). Signe que les employeurs comme les employés français ont encore besoin d’y réfléchir.

La France propose-t-elle un environnement propice ?

Avec cinq semaines de congés payés légaux obligatoires, la France fait partie des pays les plus généreux. Seul le Royaume-Uni tient le rythme à ce niveau-là, totalisant également 36 jours de repos en additionnant congés légaux et jours fériés. Alors forcément, les employés français ont moins « besoin » de congés supplémentaires et des congés illimités que leurs voisins, notamment outre-Atlantique. Car si le concept s’est développé aux Etats-Unis, cela tient aussi du fait que les employés n’y bénéficient d’aucun jour de congé légal obligatoire. Bilan : notre environnement légal professionnel rendent moins évident et urgent le concept des congés illimités.

Ensuite, si l’on regarde de plus près les offres concernées, il saute aux yeux que ce concept n’est pas applicable avec la même facilité dans tous les métiers. Si les développeurs (53% des offres d’emploi avec congés illimités) ou commerciaux (16%) peuvent en profiter, d’après une étude Joblift, d’autres professionnels semblent moins concernés, tels les ouvriers en usine ou les professionnels de la santé. Pourquoi ? Car leurs objectifs ne peuvent être atteint tout seul, à la vitesse que l’on veut, quand l’on veut. L’ouvrier fait partie d’une chaîne qui ne peut fonctionner lorsqu’un maillon manque, l’infirmière ne peut partir en se disant qu’il n’y aura pas de patients à soigner ou qu’elle a atteint son quota de patients soignés dans l’année…

Les avantages des congés illimités

Tout part de la condition sine qua non : atteindre ses objectifs. Ainsi, l’employé tâchera d’être efficace lorsqu’il est au travail. Ce qui, pour l’entreprise, réduira d’autant le phénomène de présentéisme, très répandu aujourd’hui. Là sans être là, démotivé, l’employé fait acte de présence. Les congés illimités offerts en échange de l’atteinte d’objectifs clairement fixés peuvent alors être motivants, proposer un gagnant-gagnant.

Car l’employé y trouve également son intérêt. Une fois qu’il a atteint son objectif, libre à lui d’aller se reposer chez lui, poser des jours pour partir en week-end ou vacances, finir plus tôt pour aller au sport ou accomplir un projet personnel…

Des risques à ne pas ignorer

Comme souvent, la théorie et la pratique peuvent différer. Sur le papier, tout semble beau et la réussite du concept est marquée du sceau de l’évidence. Mais sur le terrain, nous sortons du monde parfait. Le management plus flexible doit être justifié, en amont, ou récompensé, en aval, par un comportement responsable des employés. En somme, ces derniers ne doivent pas abuser des congés illimités en respectant le rythme de la société et être présent lors des périodes d’activité intenses. Autre risque : les jalousies et comparatifs entre salariés sur le nombre de jours pris. Une ambiance délétère n’amènerait rien de positif à l’entreprise.

La mauvaise gestion des congés illimités peut aussi provenir des managers. Un responsable trop autoritaire, recourant avec excès à la culture de la performance, se servira de ces jours « supplémentaires » pour fixer des objectifs toujours plus élevés, jusqu’à devenir impossibles. Un cercle vicieux pouvant déboucher sur un sur-ménage, le fameux burn-out. Car la volonté de travailler dur, d’être reconnu, voire augmenté ou promu, entraîne bon nombre de salariés à travailler toujours plus au détriment de leur santé. Le cas des freelances, enchaînant les semaines ou mois sans week-end ni vacances, le prouve bien. Or, si les congés comme le week-end sont obligatoires, c’est parce qu’ils sont un moyen sûr que l’employé se repose et protège sa santé. Et qu’il soit, sur le long terme, efficace et productif.

Alors, les jours de congés illimités ont-ils de beaux jours devant eux en France ? Réponse dans quelques temps. Mais pour cela, il faudrait faire évoluer le cadre légal. Le minimum de congés étant fixé par le code du travail tandis que l’augmentation du nombre se décide par convention collective. En clair, les entreprises pratiquant aujourd’hui les congés illimités fonctionnent par un accord tacite entre salariés et direction et sont dans l’illégalité.

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